A Paris, un splendide bâtiment construit en 1763, d’abord halle aux blés, devient en 1889, couvert et moult fois transformé, Bourse du Commerce. De plan circulaire d’un diamètre de 122 mètres, composé de deux galeries concentriques ouvertes sur l’extérieur par 24 arcades, l’édifice est surmonté d’une grande coupole que Victor Hugo comparait à une casquette de jockey. Situé près des Halles, c’est en ce lieu qu’étaient fixés, à la criée, les cours des marchandises, céréales, huiles, sucres, alcools, caoutchoucs, cafés,… La coupole et le décor sont classés monument historique depuis 1986. Avec l’informatique et la mondialisation, l’activité boursière de marchandises prend fin là en 1998. Puis, la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Paris s’y installe, jusqu’au 27 avril 2016, jour de l’annonce de la reprise des lieux par l’homme d’affaires-milliardaire-collectionneur François Pinault.
Reprise et non achat. Car le bâtiment, propriété privée, a été acheté par la ville de Paris, pour 86 millions d’€ puis confié à Artémis, société contrôlée par la famille Pinault, qui en a la charge via un bail de 50 ans. Pas sotte la mouche.
La Pinault Collection, qui possède quand même 10.000 œuvres d’art, fait appel à Tadao Ando, le célèbre architecte japonais. Il imagine une coursive intérieure qui culmine à 9 mètres de hauteur. Elle offre aux visiteurs une large vue sur la cour intérieure et permet d’observer de près la fresque murale sur la partie inférieure de la coupole qui, sur 10 mètres de haut et 140 mètres de long, représente en 5 tableaux, par autant d’artistes différents, des scènes de commerce, d’échanges de marchandises, de trains et de bateaux des 5 continents, riche en ambiances et costumes locaux. Le tout d’un réalisme idéalisé propre aux peintures officielles de la fin du XIXème siècle. Superbe ode au capitalisme et au commerce entre la France et le reste du monde.
Quand on pénètre dans ce lieu, on est immédiatement frappé par ce grand volume circulaire qu’est la rotonde centrale, sorte de place publique couverte, occupée par une installation spectaculaire de l’artiste suisse Urs Fischer.
Au centre, l’Enlèvement des Sabines, qui normalement se trouve à Florence, chef d’œuvre de la statuaire maniériste sculptée dans le marbre entre 1579 et 1582 par l’Italo-Flamand Giambologna, haute de 9 mètres, piédestal compris. L’ensemble est entouré de sièges divers en formes et origines, comme en réponse aux diverses cultures lointaines peintes sur la fresque de la coupole et à la mondialisation du commerce. Sièges d’avion, chaise monobloc en plastique, tabouret traditionnel africain, fauteuil de bureau… et d’un personnage debout, témoin de la scène.
Mais tout dépend du jour de la visite, car l’installation commencée en octobre se terminera le 17 janvier 2022. Et chaque jour elle sera différente car bien sûr, il ne s’agit pas du marbre original, ni même de vrais sièges, encore moins d’un «real human» qui sont présentés là mais des répliques parfaites en forme, proportions et apparence… en cire. Des bougies quoi !
Chaque jour donc, depuis le début (comme on peut le voir ici en action), un technicien allume la statue et ses accessoires, pour les éteindre le soir une fois le public parti. L’œuvre de Fischer se consume, se déforme, s’affaisse, coule, s’effondre… allant même jusqu’à perdre des morceaux. Les formes précises deviennent chaotiques, livrées au hasard. Ce qui était fait pour durer, se consume, meurt à petit feu. Ce qui était art, parfait, tout en maîtrise et technique, tout en talent, se décompose grossièrement. Ce qui était debout, s’écrase, s’aplatit, se couche petit à petit, dégouline. Ce qui semblait réel, de marbre, de fer, de plastique, de bois, de chair et d’os n’est qu’illusion, simple cire. Le temps n’est plus, même le marbre antique fait pour l’éternité se délite, la réalité n’est que chimère. Ne dit-on pas que mourir s’est s’éteindre ? Cette installation est fascinante car elle nous fait voir notre insignifiante temporalité.
Que dire aussi de la valeur de cette installation – forme d’art de plus en plus prisée – reflet de notre société du show ? Car Urs Fischer ne fait pas cela pour les beaux yeux de Mr Pinault. Une telle oeuvre éphémère, dont la finalité est sa fin, coûte autant qu’elle ne goutte. Va-t-on vers l’art destruction, comme il y a peu, cette « oeuvre » de Banksy qui s’est auto détruite aussitôt après avoir été adjugée 1 million de $. L’art devient-il spectacle, éphémère, consommable? Espérons que non, l’espoir fait vivre.
En conclusion, pour rester dans l’esprit économique du lieu, cette installation est peut-être un clin d’oeil à Joseph Schumpeter qui énonçait en 1942, la destruction créatrice.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Il ne faut pas confondre chandelle, cierge et bougie.
La chandelle, inventée il y a bien 5000 ans, faite d’un jonc fendu trempé dans de la graisse animale ou végétale, servait à s’éclairer.
Le cierge, version cire d’abeille de la chandelle, est réservé au clergé et aux cultes. Mais aussi à la noblesse, le peuple devant se contenter de l’éclairage au suif.
La bougie date du milieu du 19ème siècle et tire son nom de Bugaya, petite ville d’Algérie qui en produisait beaucoup. Elle se différencie de la chandelle par sa matière première (la stéarine) et par sa mèche en coton tressé. Le tressage permet à la mèche de se courber et de se consumer lentement : inutile alors de la moucher. De nos jours, la stéarine d’origine animale est remplacée par de la paraffine (dérivé du pétrole) ou par de la cire végétale.
La bougie parfumée fait toujours le cadeau apprécié et les grandes marques de luxe, comme les plus modestes, en proposent à tous les prix et tous les parfums. Le marché est en constante progression avec une croissance de plus de 6% par an.
Baobab, en Belgique, Dyptique, Guerlain, Dior en France, Acqua di Parma, Gucci en Italie, Penhaligon’s au Royaume Uni, toutes les grandes marques de bougies parfumées de luxe rivalisent en montée en gamme. Autant si pas bien plus que la bougie, c’est le contenant, objet de décoration qui fait l’attraction. Les prix flambent entre 250 et 1000€.
Au bas de l’échelle, il y a bien sûr la bougie chauffe plat Ikea, à 3€ les 100 pièces. Non parfumée. Faut pas être trop gourmand. Quoique! Chez Ikea, on les soigne les gourmands. Depuis 60 ans, avec les mondialement célèbres boulettes de viande (Huvudroll, pour les puristes), sauce à la crème, purée (ou frites), confiture d’airelles… à 6,95€ les 8 boulettes. Mais aussi avec des bougies d’ambiance parfumée… à la boulette ! 900 exemplaires ont été fabriqués, non pour la vente mais offerts aux gagnants d’un concours célébrant les 10 ans du programme Ikea Family. Oh les chanceux.
Si vous aimez la douce odeur des bars (il y en a), les bougies Bar Smells de Miller Lite, la bière préférée des Américains, produites en édition limitée (qui a dit malheureusement) garantissent 50 heures de diffusion d’odeur pour faire oublier le confinement et les fermetures des établissements de nuit en raison de la crise du Covid.
3 parfums sont disponibles: Game Day Bar qui propose une odeur de fauteuils en cuir et cacahuètes, Dive Bar qui fait ressortir des notes de tabac, de musc et de pin et enfin Beer Garden avec ses arômes de bretzel, bois et mousse verte.
Il y a encore mieux, ou pire, les bougies McDo… parfum 100% Fresh Beef, Ketchup, Cornichon, Fromage, Oignon, Sésame… au choix. La plus gastronomique expérience est de les allumer toutes en même temps, le délicieux mélange de parfums qui enchantera vos narines sera celui du Cheese Burger himself, qui fête ses 50 printemps. Elle est pas belle la vie ?
En voilà de beaux cadeaux de Noël, pas chers et distingués.
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