Vous souvenez-vous du temps où, dans les musées, on entendait les mouches voler ? Où avoir un appareil photo, même un téléphone portable, était proscrit ? C’était il y a peu encore, mais c’est aujourd’hui une époque révolue.
Grâce aux réseaux sociaux, l’art est devenu accessible au plus grand nombre. Chaque musée possède son site, sa page FB, son compte Instagram, ses hashtags, sa boutique, ses ventes en ligne, ses sponsors, ses produits dérivés… et bien d’autres astuces…
Pour attirer plus de visiteurs encore, certains musées se montrent très créatifs. Et le pionnier en la matière est le Rijksmuseum d’Amsterdam. Ce musée – et bien d’autres comme lui – l’a bien compris. Pourquoi empêcher les visiteurs de photographier les œuvres qu’ils admirent alors qu’il leur est possible, sur le web, de trouver les images de leurs tableaux préférés. Faites l’exercice, allez sur google images et cherchez La Joconde. Vous trouverez instantanément des centaines de versions. Vous pouvez même peaufiner votre recherche en sélectionnant uniquement les plus grandes résolutions. Dans ces conditions, pourquoi un musée interdirait-il que l’on photographie ses collections, d’autant plus que l’échange des photos et le partage sur Instagram étant devenu un sport, plus il y aura de photos faites et publiées plus ce sera de la pub gratuite pour le musée.
Et ce n’est pas tout ! Vous pouvez, facilement et gratuitement, vous créer un compte sur Rijkstudio. Nous avons déjà le nôtre. Vous aurez ainsi accès à presque toutes les collections du Rijks, en images haute définition, (actuellement 125.000 pièces sont déjà accessibles) et vous pourrez en faire ce qu’il vous plaira. Des agrandissements géants pour les murs de votre salon, un autoportrait de Van Gogh pour en imprimer votre T-Shirt, un détail de la Ronde de Nuit pour en faire un tapis-souris… tout est permis. Mieux, pour pourrez présenter vos « œuvres détournées » sur le site du musée à titre d’inspiration pour les visiteurs.
Le Louvre, la National Gallery of Art, les Offices, Le MoMa, Le British et bien d’autres permettent aussi le téléchargement gratuit des pièces de leurs collections qui sont tombées dans le domaine public. Bien sûr dans le respect des droits d’auteurs. D’ailleurs une organisation, Creative Commons, s’est constituée en 2001 avec pour but de proposer une solution alternative légale aux personnes souhaitant libérer leurs œuvres des droits de propriété intellectuelle standard de leur pays, jugés trop restrictifs.
Nous avons créé un blog (detailsgallery.art) sur lequel nous postons régulièrement des tableaux remarquables. Avec pour chacun, 4 ou 5 détails en très gros plan, mettant ainsi en évidence le travail des maîtres. Ceci grâce aux images haute résolution que nous offrent les musées mais aussi Wikipédia. Visitez ce blog ICI.
Le musée salle de spectacle.
Récemment au Musée d’Art Ancien de Bruxelles, après un vif succès au Kunsthistorisches Museum à Vienne, une expérience multi-art s’est déroulée au milieu des œuvres d’art anciennes. «Ganymed goes Brussels» mélange théâtre, musique, danse et performances inspirées des tableaux qui les entourent. Des mini-représentations de quelques minutes en adéquation avec les oeuvres, sont jouées plusieurs fois dans la soirée. Les spectateurs, munis de petits sièges pliants se baladent d’une salle à l’autre, écoutant un poème devant la Chute d’Icare de Breughel, du chant devant l’Assomption de la Vierge de Rubens, de la musique devant un Rembrandt… à chacun selon ses envies.
Le Rijksmuseum – encore lui – offrira au regard des visiteurs la restauration de la plus que célèbre Ronde de Nuit de Rembrandt. Ce sera en direct, dans le musée même, là où l’oeuvre est habituellement exposée, dès juillet 2019 et en ligne sur le site du Rijks.
En France, le Louvre n’a pas hésité à donner accès à ses salles à Beyoncé et Jay-Z pour le tournage de leur clip que l’on voit en prestation devant des œuvres majeures, la Joconde, la Victoire de Samothrace, le Sacre de Napoléon, la Vénus de Milo… Le Louvre a tiré profit de ce clip pour créer un parcours qui suit les traces des deux artistes américains. Offrant ainsi, à d’improbables visiteurs, une occasion de découvrir des oeuvres d’art exceptionnelles, si pas de leur faire mettre les pieds pour la première fois dans un musée.
Quand c’est pour élever les esprits, tout est permis. On aime.
Visionez le clip ICI
LE SAVIEZ-VOUS ?
A Paris, il existe un faux musée. Pardon, un musée du faux.
Créé en 1951 à l’initiative de Gaston-Louis Vuitton (petit fils du créateur de la marque), et de l’Union des Fabricants fondée en 1872, le musée de la contrefaçon avait pour mission initiale d’informer les consommateurs des méfaits de celle-ci. Mais aussi, via les exemples exposés de former les agents des services de la répression des fraudes. Au départ accessible uniquement aux professionnels et sur rendez-vous, il s’est ouvert au public en 1972, pour le centenaire de l’Association.
Aujourd’hui, avec le développement constant des contrefaçons, plus de 500 copies de produits sont exposées, toutes en binôme avec l’original pour bien comprendre la supercherie.
Le plus cocasse c’est que le musée, qui lutte contre la vente de produits contrefaits, n’accepte pas d’en acheter pour les présenter dans ses collections. Car acheter des contrefaçons est illégal. Alors comment fait-il pour enrichir ses vitrines ? Le musée s’adresse aux agents des Douanes, à la Police et à la Gendarmerie qui peuvent leur fournir gratuitement des échantillons de produits saisis. Des entreprises, victimes de contrefaçons, fournissent aussi des échantillons de produits contrefaits, expertisés par leur propre Service Juridique. Les originaux, quant à eux ne sont pas un problème et sont souvent offerts ou prêtés par les marques elles-mêmes.
Le fait de détenir des produits contrefaits est aussi interdit et punissable… mais l’Union des Fabricants, association française loi de 1901, est reconnue d’utilité publique et échappe ainsi au châtiment… ouf !
Le musée se situe dans un hôtel de maître, 16 rue de la Faisanderie à Paris dans le XVIème. Un peu dans le style de l’Elysée (et oui) mais qui est la copie d’un hôtel particulier du Marais ! L’original a lui été détruit lors des rénovations haussmanniennes…
Le vrai est parti, le faux est resté, n’en déplaise à Monsieur Vuitton.
Bravo! Quelle bonne façon de communiquer vos expériences et vos impressions!
Gracias!
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Passionnant, enrichissant, superbe, merci, merci, merci !!!
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