Après Mona Lisa, peinte par Leonardo da Vinci vers 1515, puis la Jeune Fille à la Perle de la main de Johannes Vermeer vers 1665, voici le troisième et dernier portrait féminin mondialement connu : Marilyn, par Andy Warhol, réalisé en 1962.
Il ne s’agit pas d’une peinture mais bien d’une sérigraphie* à l’acrylique, sur toile. Si le tableau le plus connu, le plus décliné en différentes versions et le plus répandu nous montre un seul portrait en gros plan, l’œuvre originale et unique qui a précédé, contient 50 images de Marilyn Monroe, la célèbre actrice américaine, sex- symbol en son temps, et peut-être encore aujourd’hui.
Le visage utilisé par Warhol vient d’une photographie prise en 1953 par Gene Kornman pour la promotion du film Niagara (réalisé par Henry Hathaway). Le tableau intitulé Diptyque Marilyn, large toile de deux mètres cinquante sur un mètre quarante-quatre, appartient à la Tate de Londres, il est actuellement exposé à la Tate Modern.
On y voit, sur la partie gauche, 25 portraits identiques de l’actrice idolâtrée. Ils sont composés en 7 couleurs en aplats, rose bonbon pour la peau, rouge criard pour les lèvres, blanc pour les dents, jaune paille pour les cheveux, bleu-vert pour les paupières, orange flashy pour le fond et noir pour la physionomie proprement dite. La partie droite, symétrique, montre ces mêmes 25 portraits, en noir seul, sur fond argent, de plus en plus flous, jusqu’à l’effacement.
Si Mona Lisa nous donne à voir l’immortalité et la jeune Fille à la Perle l’éternelle jeunesse, que veut nous montrer Andy Warhol avec sa Marilyn ?
Par la quantité, répétée à l’identique, du visage en couleurs criardes, il nous indique que Marilyn, l’actrice adulée, n’est plus une personne mais un objet, fabriqué en série, prêt à l’emploi, accessible à tous, vulgaire et bon marché. Bref le symbole de la consommation, du show-business. Il nous montre aussi que la célébrité exacerbée fige l’actrice en une image arrêtée, et que le public attend d’elle qu’elle ne change pas, qu’elle ne change plus. Stéréotypée à jamais.
Sur la partie droite, en argent et noir, les visages sont brouillés, se diluent, se dématérialisent, évoquant ainsi la mort, qu’elle soit par excès de succès, de surconsommation ou d’abus d’artifices. Un tableau de vie et mort en face à face.

Ce dyptique, Andy Warhol l’a créé quelques jours seulement après la mort prématurée de Marilyn survenue le 5 août 1962.
Ensuite, lui aussi acteur et victime consentante de la surcommercialisation, Warhol s’épanouira dans la multiplication, au sein de son atelier baptisé à juste titre «The Factory». Suivront, au visage unique de Marilyn, ceux des autres célébrités de l’époque, Elvis, Cassius Clay, Jackie Kennedy, Elisabeth Taylor, Mao Zedong,… et même Hergé ! Les célébrités se battront pour être Warholisées, valorisées.
Justement, parlons-en, un des visages de Marilyn, et il en a sérigraphié une bonne série, a été adjugé 195 millions de US$. Mais celui-là, appelé «Shot Sage Blue Marilyn», faisait partie d’une série de 5 portraits de Marilyn. Créés en 1964, quatre d’entre-eux tirent leur nom d’un incident qui a fait leur réputation. Dans «The Factory», l’atelier d’Andy Warhol à Manhattan, Dorothy Podber – une artiste un peu dingue – en visite avait demandé à son pote Andy si elle pouvait «photographier» les tableaux (on dit «shoot» en Anglais). Warhol avait accepté, n’imaginant pas qu’elle allait alors sortir un vrai «gun» et tirer sur une pile de portraits de Marilyn. Bang Bang. Bingo Bingo. Un petit trou à peine visible et voilà ce tableau dans le Top10 des œuvres les plus chères au monde. N’est-il pas beau ce monde magique des collectionneurs d’art ?
*La sérigraphie, procédé photographique d’impression directe au départ d’écrans (pochoirs), permet l’utilisation de couleurs très denses et saturées, les couleurs se couvrant l’une l’autre sans se mélanger. De plus, cette technique autorise la réalisation de nombreux tirages au départ des mêmes pochoirs, permettant ainsi l’impression de quantités d’exemplaires identiques ou de différentes couleurs.
LE SAVIEZ-VOUS ?
ChatGPT, dont tout le monde parle, est un outil conversationnel d’intelligence artificielle, destiné à répondre aux questions qui lui sont posées. A peine né, le voilà déjà utilisé par des «écrivains» pour les aider à rédiger leurs proses. Si pas à les remplacer. Alors qu’il fallait parfois des années – et beaucoup de talent – pour écrire un roman, voilà qu’avec ChatGPT, et bientôt sans doute avec Bard son alter-ego signé Google, il suffit de quelques jours et un peu de pratique pour mettre en ligne un e-book qui sera vendu sur Kindle Amazon.
Pour preuve, ce texte publié par la respectable agence Reuters le 21 février 2023: « Il y avait plus de 200 livres électroniques dans la boutique Kindle d’Amazon à la mi-février répertoriant ChatGPT en tant qu’auteur ou co-auteur, y compris « Comment écrire et créer du contenu à l’aide de ChatGPT », « Le pouvoir des devoirs » et la collection de poésie « Echoes of the universe. » Et le nombre augmente chaque jour. Il existe même un nouveau sous-genre sur Amazon : des livres sur l’utilisation de ChatGPT, entièrement écrits par ChatGPT. Mais en raison de la nature de ChatGPT et du fait que de nombreux auteurs ne divulguent pas qu’ils l’ont utilisé, il est presque impossible d’obtenir un compte rendu complet du nombre de livres électroniques pouvant être écrits par l’IA.»
Ça promet !
Alors nous avons joué le jeu en posant à ChatGPT, le 24 février 2023, la question suivante :
Que dire du tableau Diptyque Marilyn d’Andy Warhol ?
Et voici ce que ce chat pétomane nous a répondu !… et tant qu’à faire traduit de l’Anglais au Français par Google Translate.
Cette œuvre est considérée comme un exemple significatif du style Pop Art de Warhol, qui cherchait à élever les objets du quotidien et les icônes de célébrités au niveau des beaux-arts. Warhol a utilisé un processus de sérigraphie pour créer des images identiques de Monroe, et la répétition et la variation dans la peinture soulignent le rôle des médias de masse et du commercialisme dans la formation de notre perception de la célébrité.
Le choix de Marilyn Monroe comme sujet était également important pour Warhol, fasciné par le pouvoir de la célébrité et son lien avec la culture de consommation. La vie tragique et la mort prématurée de Monroe ont ajouté une couche de sens supplémentaire à la peinture, et elle a été interprétée comme un commentaire sur la nature éphémère de la renommée et la marchandisation de la beauté.
Diptyque Marilyn est désormais considérée comme une œuvre emblématique de l’art contemporain et a été exposée dans des galeries et des musées du monde entier. Il a également fait l’objet de nombreuses reproductions et adaptations, cimentant davantage sa place dans la culture populaire.
Notre civilisation se robotise de plus en plus et il est temps de lire, ou de relire, « les Robots« , 9 nouvelles écrites dans les années 40 par Isaac Asimov, et plus particulièrement « Cercle Vicieux » ainsi que les 3 lois de la robotique. Et surtout ne jamais, au grand jamais, prendre pour argent comptant ce que disent les machines mais plutôt faire fonctionner son cerveau et laisser aller librement sa pensée, n’en déplaise au diktat des gafam.
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