Celui qui montrait l’invisible.

Très belle exposition au musée Picasso de Malaga, qui après celui de Paris, est venue enchanter l’Andalousie.

En art, le mobile, c’est lui. Alexandre Calder. 1898-1976.

Né dans une famille d’artistes. Sa mère peintre. Son grand-père, son père, tous deux sculpteurs. Lui, il étudie l’ingénierie mécanique mais se tourne rapidement vers la sculpture. Atavisme.

A 26 ans, il quitte New York pour Paris où il mélange ses savoirs, la mécanique, les mathématiques et la sculpture, pour créer des jouets articulés puis le Cirque Calder composé de 200 personnages faits de fils de fer, de bric et de broc et de bouts de chiffons, accompagnés de musiques et de bruitages. Déjà il se passionne pour le mouvement.

CALDER VISAGESInfluencé par les artistes qu’il rencontre à Paris, dont principalement Fernand Léger, Le Corbusier, Picasso, Joan Miró, Mondrian,… il reste fidèle à ses fils de fer, matériau léger, bon marché, industriel, qu’il tord, plie et tirebouchonne pour en faire des visages, des personnages, des animaux, que souvent il accroche en l’air ou aux murs pour les faire jouer avec la lumière et créer des ombres portées. Calder fait ainsi une avancée artistique radicale en rupture totale avec la sculpture dite classique, faite de matériaux lourds, opaques, de coups de marteau, de glaise triturée.

On peut dire que Calder a révolutionné l’art de la sculpture en passant de l’opaque au transparent, du lourd au léger, de la forme pleine à la ligne mais surtout de l’immobilité au mouvement. Pure créativité disruptive, perle rarissime dans toute l’histoire de l’art, à l’instar de Vassily Kandinsky qui inventa, en peinture, l’art abstrait.

Influencé par Piet Mondrian et ses créations aux formes géométriques, Calder rêve de réaliser pareil en 3 dimensions. C’est en 1930 qu’il trouve la quintessence de son œuvre en créant le mobile (comme l’a baptisé Marcel Duchamp). Sculptures abstraites faites de fils de fer (encore et toujours) et de plaques de métal ou de bois, tout en équilibre et en mouvement.

CALDER MOBILE 2

Là aussi le maître fait un pas de plus. Il suspend ses œuvres dans l’espace, obligeant le spectateur à regarder vers le ciel. Il lui donne aussi l’occasion de participer à l’œuvre, c’est fondamentalement nouveau, puisqu’il suffit parfois de souffler sur la création pour lui donner mouvement et vie.

Car que d’autre l’artiste avec ses mobiles, que de montrer l’invisible, l’immatériel, le subtil, le souffle léger du vent, le simple courant d’air ?

CALDER MOBILENe voit-on pas, sous ses mobiles, l’univers tout entier, les galaxies, la valse des planètes ? N’est-on pas intrigué par cet équilibre improbable, quasi magique qui défie Newton ? Et puis cette légèreté, la lenteur des mouvements, les forces qui s’imbriquent, organiques, fractales, sans se nuire, en redondance visuelle ?

Dans le genre, Calder a tout dit, son œuvre est unique, c’est du Bach matérialisé. On ne fera pas mieux.

LE SAVIEZ-VOUS ?

MOBILE BEBEEn 1930, alors que Calder invente le mobile, quatre Américains, Herman Fisher, Irving Price, Margaret Evans Price et Helen M. Schelle, créent Fisher-Price, la société productrice de jouets dédiés aux enfants. Dès le départ, Herman Fisher avait l’intention de créer des jouets qui « stimulent l’imagination et apportent quelque chose de nouveau, de surprenant et d’amusant ». Le succès est rapide. Les jouets sont fabriqués en bois et métal, déjà très colorés. Dix ans plus tard la guerre éclate et les usines sont réquisitionnées. Fisher-Price se transforme en fabriquant de pièces d’avions et de matériel médical. Les hostilités prennent fin et Fisher-Price reprend ses activités. Le développement massif de l’immobilier crée une pénurie de bois et de métal et oblige la société à trouver d’autres matériaux.

C’est le plastic qui est retenu et qui est aujourd’hui encore le matériau principal des jouets. Il est léger, permet toutes les formes et peut être coloré de toutes les façons. Un des jouets le plus apprécié des mamans (et des bébés en dessous d’un an) est le mobile ! Le tout premier jouet que l’enfant découvre, le nez en l’air. Est-ce pour cela que nous aimons tant les œuvres de Calder ?

En 1896, Charles et Emile Pathé créent leur société, qui produit les premiers enregistrements sonores, alors sur cylindres. Puis début du XXème siècle Pathé Frères devient la plus importante société de production et d’équipement cinématographiques au monde, ainsi qu’un producteur de disques phonographiques. En 1908, Pathé invente le film d’actualités projeté dans les cinémas avant le long métrage.

PATHE LOGO MOBILEDepuis sa création, en 120 ans, Pathé Frères s’est présenté sous différentes formes graphiques, souvent animées. La bande de lancement actuelle, créée en 1999 par la société Landor, que nous voyons à chaque début de film n’a rien de ses concurrents flamboyants. Elle semble désuète, faite par un amateur dans sa cuisine, bricolée et mal éclairée… c’est un mobile façon Calder. Commercial. Voyez le film ICI

 

Brigitte & Jean Jacques Evrard
p.art.ages@proximus.be

3 commentaires sur “Celui qui montrait l’invisible.

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  1. Ce que j’aime par dessus tout dans le « mobile », c’est la lenteur avec laquelle il se meuh ! ….et ça m’é-meuh! AH, la vache, j’en perd mon orthographe ! Chatouille

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  2. C’est toujours merveilleux que ces mobiles regards d’enfances tournés vers le ciel; spontanéité dans la création
    j’adore!
    merci de ce premier choix de l’an neuf
    mille amitiés
    fran

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